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Photo du rédacteurThierry Raffin

« Devenir ami avec sa peur »

Dernière mise à jour : 30 mars 2020

Encore la peur ? ! N’en fait-on pas trop avec la peur ? En parler n'est-ce pas l’alimenter, l’attiser ? Y a-t-il encore quelque chose à dire d'autre que reconnaître qu'elle est là ? Oui elle est bien là ! Drôle d'expression qui mérite d'être approfondie, dans cette ambiguïté qu’elle recèle peut-être selon la manière dont on la lit. Car veut-on par là dire et reconnaître sa présence certaine, indubitable ? ou ne pourrait-on pas comprendre - comme à l'envers- que c'est un « bien » qu'elle soit là ?

Dans ce nouvel article on propose d'explorer ce second sens, en suivant ce que l'on peut comprendre de l’enseignement de Tenzin Wangyal Rinpoché, un maître tibérain reconnu de la tradition Bön, détenteur du grade de Géshè.



Dans le cadre du confinement Tenzin Wangyal Rinpoché sort de sa période de retraite pour se tourner vers les autres et les accompagner avec bienveillance dans ce qui a l'apparence d'une épreuve. Et sans être joyeux, la tonalité est pleine de sérénité et de sollicitude. Et le propos peut apparaître décalé, lorsqu'il affirme pour ouvrir son enseignement qu’il souhaite à tous et à chacun de pouvoir considérer ce confinement auquel nous sommes astreints comme « un cadeau de l'univers ». Ainsi sont les enseignements profonds. Ils nous étonnent, nous désarçonnent un peu, voire nous heurtent dans nos croyances et nos sentiments. Comment le confinement, le virus qui en est l'origine pourraient-ils être une chose heureuse ? Ce n'est pas ce que spontanément nous pouvons ressentir, qui serait plutôt un sentiment de privation de liberté. Mais nous avons déjà vu déjà avec Chogyam Trüngpa « le mythe de la liberté » (https://enviedebienetre.wixsite.com/enviedebienetre/post/le-mythe-de-la-libert%C3%A9).


Ne peut-on pas penser le confinement comme une forme de « retraite » ? Ne sommes-nous pas pour beaucoup dans cette situation d'avoir été mis en retrait de notre rythme de vie ordinaire, souvent trépidante, stressante par le « manque de temps » ressenti, les pressions des autres sur nous, sur notre activité ?

Alors que de toute part le réseau Internet, la télévision, les médias secrètent toutes sortes de jeux, de vidéos, d’émission, de séries, de films, d'informations qui tournent en boucle pour nous aider à faire face d'une certaine manière à l'ennui qui pourrait naître de ce « trop-plein » ( ? ) de temps ( désoeuvré) par une foultitude de divertissements et d'avertissements ; ne faut-il pas juste voir et considérer ce « nouveau » temps qui nous est donné comme une opportunité pour voir et construire alors le monde autrement ? Car pour cela nous avons besoin du temps, pour nous poser, voir les choses véritablement, cerner l'essentiel de la vie, de ce qui importe, faire des choix, établir des priorités, agir en conséquence et en cohérence. Nous devons donc prendre ce temps, même si le renoncement au «divertissement total » ( et non pas le renoncement total au divertissement ) peut nous confronter à la peur distillée par la situation, par l'imposition du confinement. Ce n'est que confronté à elle, qu’en la regardant en face, en comprenant sa source, que l'on peut discerner si elle nous apparaît comme une ennemie ou une amie.

Tenzin Wangyal Rinpoché fait alors référence à la pratique du Chön qui consiste à se donner en nourriture pour satisfaire les besoins de nos démons ( nous avons vu cette pratique de la lignée bouddhiste de Machik Labdrön dans cet article « Que faire de nos émotions ? » (https://enviedebienetre.wixsite.com/enviedebienetre/post/mais-que-faire-de-nos-%C3%A9motions)

Ainsi sommes-nous pris par le démon de la peur, et y voyons nous bien plutôt un ennemi à combattre qu’un ami à chérir. Consentir à nourrir notre peur en nous y sacrifiant nous apparaît contre intuitif. N'est-ce pas là bien plutôt l'amplifier et nous paralyser sur le chemin, nous empêcher nous-mêmes d'avancer ?

Et si au contraire c'était une étape incontournable sur le Chemin, pour passer de l’avant à l'après ? Nous pouvons alors comprendre que ce démon est celui de la peur de l'inconnu, de l'incertitude, de ce qui va devenir, mais surtout aussi l'ignorance de notre être profond, de ce que nous sommes. Cette compréhension est alors un élan de confiance par laquelle nous pouvons offrir notre corps à la peur. Ainsi nourri de notre corps le démon de la peur se consume en nous, et nous pouvons visualiser ainsi notre corps de peur, de souffrance réduit à rien. Ainsi se libère l'esprit, comme un espace d'ouverture à son corps véritable : l’Etre et l'Esprit conscient que nous sommes, empli de bienveillance et de reconnaissance pour tous ce et ceux à quoi et à qui nous sommes liés. Ainsi la peur comme une ennemie peut être transmutée en amie qui nous aide à nous ouvrir à la souffrance des autres, dans un élan d'entraide.

Il m'apparaît que c'est bien là le propos de cet enseignement Tenzin Wangyal Rinpoché qui vient aussi prolonger cette série d'articles précédents que l'on peut (re)lire :


Oui il s'agit de cheminer avec sa peur, non pas de la fuir, mais de faire « ami-ami » avec elle, l'embrasser, lui donner l'accolade avec chaleur ; et ainsi peut-elle fondre en soi .

Pour cela je vous invite à suivre vous-même cette voie d'enseignement de Tenzin Wangyal Rinpoché. Il ne s'agit pas de devenir bouddhiste, ni de croire en un dieu d’Orient, ou en quelque chose d’ésotérique, mais juste d'écouter par là même, en soi la voix de ce que notre peur nous dit personnellement comme une amie, au-delà de cette apparence de « démon collectif » qui est produit par l’égrégore de ce dispositif sociopolitique du « virus du confinement ».

Faire face à la peur, Trouver la Paix Au milieu du bouleversement et de l'incertitude d'une pandémie mondiale, nous devons tous être vigilants, afin de nous protéger et de protéger nos proches. Mais il n'est pas nécessaire de vivre dans une peur constante et de transmettre cette peur aux autres. Au cours de cet enseignement en ligne, Tenzin Wangyal Rinpoche guidera une pratique de méditation qui nous aide à entrer, à travers nos peurs, vers un profond sentiment de paix et de sérénité.


Peut-être peut-on sentir notre corps noué dans l'enchevêtrement des émotions, de la peur de la peur, ainsi transformée en colère ou en détresse. C'est bien cela qu'il nous faut dénouer, déjouer, pour retrouver une liberté de mouvement intérieure. Se poser, observer cela, immobile nous ouvre cet espace de libération. C'est cela danser avec sa peur.




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