Coronavirus, la réforme des retraites, réchauffement et migrations climatiques… Les « bonnes » ou « mauvaises » raisons d'avoir peur ne semblent pas manquer. Faut-il ou non avoir peur ? Peut-on ne pas avoir peur ? Deux questions que le cyclone médiatique autour du Covid 19, nous amène à nous poser. Ce petit article ne cherche pas à en rajouter sur ce qu'il faut ou faudrait faire pour se protéger, prendre soin de soi et éviter le pire, ni à nier que « tout cela n'est rien ». La volonté là est tout autre : voir, entrevoir comment la méditation peut nous aider à rester dans l' œil du cyclone, là où les choses apparaissent plus calmes, sereines, apaisées…
ici image d'une danse macabre, où tout un chacun des vivants peut être emporté à égalité de condition, par la mort...
Il y a quelques mois déjà, j'avais commencé à parcourir le cycle de nos émotions fondamentales, la colère, la tristesse telles qu'elles s'expriment en nous, dans la physiologie même de notre corps animal ; mais aussi comment nous pouvons les ressentir et les vivre en tant qu'être humain, confronté ainsi à la souffrance de situations douloureuses, désagréables, inconfortables. Voici « bon » moment de parler de la peur, cette autre émotion clé que nous connaissons inévitablement en tant qu'être humain. Encore une fois, il ne s'agit pas de nier, repousser, réprimer ni même de « gérer » les émotions qui nous envahissent. Il s'agit de pouvoir les identifier en nous afin de ne pas nous y identifier. La peur, comme les autres émotions participent de notre évolution au sens de Darwin. Comme pour beaucoup d'animaux, elle peut nous être utile en nous alertant d'un danger afin que nous puissions y faire face d'une manière ou d'une autre, par la fuite, le combat ou en nous figeant comme pour faire le mort. Nos amis les bêtes sans doute n'auraient-elles pas peur ni au sujet d'un risque viral immédiat mais invisible, ni relativement à l'anticipation de situations difficiles à venir (pour nous les pensions de retraite ou le réchauffement climatique, ou tout autre chose par rapport auquel nous pouvons avoir des pensées pessimistes). Non là, ce sont bien des peurs humaines liées à notre pouvoir de voir ce qui est pour ainsi dire invisible ou incertain. C'est là sans doute la contrepartie à notre capacité de penser et de juger, et à cette facilité que nous expérimentons souvent ainsi à être embarqués dans ce tourbillon des pensées et des jugements.
Peut-on échapper à cet emportement émotionnel, la colère, la tristesse et la peur ? Encore une fois, il convient de voir comment il s'agit là non pas de fuir l'émotion, la peur, mais bien davantage d'éviter d'être pris dans le tourbillon qu'elle suscite en nous et autour de nous. De trouver cet espace privilégié en soi qui pourrait être le point d'ancrage comme un œil du cyclone. Le cyclone est là, et le calme peut l'être aussi. Peut-être est-il possible alors de visualiser cet espace de paix, et de s'exercer en fermant les yeux à nous tenir immobile dans ce tourbillon qui s'affole autour de nous, le ressentir dans sa force, sa puissance, son énergie, sa violence, et qui nous frôle tant qu'il est bien là sans toutefois nous atteindre. Nous pouvons alors nous harmoniser à lui, trouver une grande stabilité et aussi une immunité. Ce terme ne vient pas là par hasard. Il signifie bien que la méditation, en nous mettant au cœur de nos émotions, là si présentes en ce moment , la « peur du virus », peut augmenter notre puissance immunitaire. Ce n'est pas là une simple affirmation « magique ». C'est bien au contraire une réalité prouvée aujourd'hui scientifiquement. Le stress à haute dose diminue notre capacité immunitaire, on le sait ; et la méditation augmente notre résistance au stress négatif comme les études le montrent. CQFD (https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Nouvelles/Fiche.aspx?doc=2003082500)
Ainsi posé, stable au centre de nos émotions, de la peur, nous comprenons que le virus véhiculé, transporté par le vent des mobilités frénétiques de la mondialisation est comme une loterie avec ses numéros de malchance. Être là, au mauvais endroit, au mauvais moment. Car la vie cela ne peut-être de s'abriter absolument de tout danger. Si mourir est un danger, alors vivre est dangereux. C'est l'enseignement de la philosophie et des stoïciens en particulier. Je vous renvoie ici à nouveau en guise d'exercices spirituels à ces textes de Sénèque, d'Epictete , qui résonant du fond des âges conservent toujours leur actualité. S’ils ne réussiront pas nous préserver du virus de manière incantatoire, ils peuvent assurément nous immuniser de la peur du virus, nous permettre de retrouver notre centre émotionnel. Ainsi peut-on relire tout le premier chapitre du manuel d'Épictète qui nous rappelle qu'il y a « ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous » :
« Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non. De nous, dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nous qui agissons; ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons. »
C'est là aussi la voie de l'acceptation dont j’avais aussi parler très tôt dans ce blog et que l'on peut reparcourir comme un exercice spirituel ici : "C'est inacceptable "
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