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Photo du rédacteurThierry Raffin

Karma Gaza

Gaza raisonne en moi, comme « karma Gaza ». Dukkha. La première des 4 nobles vérités du Bouddha. Tout est souffrance. Là comme ailleurs. Et de tous temps. Et ce constat ne saurait être ni une résignation, ni une abdication.




Samedi 7 octobre 2023, Israël a été victime d'une prise d'otages, inédite à cette ampleur dans son histoire déjà tumultueuse, orchestrée par le Hamas. Depuis les gros titres de la presse se font l'écho assourdissant de cette « attaque terroriste ». Le journal Le Monde ,comme d'autres journaux, y consacre une édition spéciale dès le 10 octobre avec ce titre « Israël frappé au cœur ». « Au cœur », c'est bien sûr le cœur du territoire de la « terre promise » par Dieu, mais c'est aussi le tsunami émotionnel qu'un tel drame provoque tant il semble dépasser l'imagination et la compréhension - tout comme dans un autre lieu et autre temps, pas si loin, « le 11 septembre » avec l'effondrement des Twin tower à Manhattan. Les éditorialises, les experts en géopolitique s'attachent à démêler les ressorts de l'événement pendant que les responsables politiques de tous bords cherchent au-delà des explications à identifier et à dénoncer les coupables. Les victimes se sont clairement les otages, et donc les Israéliens, « les Juifs » et les bourreaux le Hamas, cette organisation islamiste clairement terroriste.. Ainsi les rôles paraissent-ils clairs. Le désordre du monde peut être expliqué…Cela a quelque chose de rassurant face à cette sidération, cette sorte d’ébêtement engendré par « l'attaque surprise » ayant échappé à la vigilance du Mossad - les services de renseignement israéliens.

Mais n'est-ce pas trop simple ? Ne sommes nous pas plutôt dans un vaste « triangle dramatique » à l'échelle historique, transgénérationnelle, où bourreaux et victimes ont tant de fois alternés leurs rôles qu'il est bien difficile de séparer les uns des autres. Bourreaux, victimes…Il y a bien sûr eu un sauveur, mais il fut crucifié dès le début de notre ère, de notre errance. Alors, il est à craindre qu’il ne reste dans ses décombres de l'histoire que les victimes de ces karma collectifs.

L'éditorial du monde du 10 octobre titre « L’effroi et l'impasse » en précisant que « tous ces actes terroristes constituent un séisme dans l'histoire du conflit israélo-palestinien ». Il met en évidence que cette attaque met fin à une « illusion » de paix chaotique qui se serait mise en place « cahin-caha » dans le sillage de l'échec des accords d'Oslo. Oui tout cela peut n’être qu’une illusion, et sans doute à la puissance carrée, illusion dans l'illusion de la réalité conventionnelle du monde du samsara. Celle-ci est au cœur de la souffrance dont l'édito rappelle justement la dynamique liée à l'engendrement sans fin des crimes de guerre des uns répondant aux crimes de guerre des autres, jusqu'à rendre vaine et caduque toute recherche des origines, des premiers bourreaux. Comme le note Élie Barnavi note dans cette même édition spéciale « l'attaque du Hamas résulte de la conjonction de l'organisation d'une organisation islamiste fanatique et d'une politique israélienne imbécile » https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/08/elie-barnavi-l-attaque-du-hamas-resulte-de-la-conjonction-d-une-organisation-islamiste-fanatique-et-d-une-politique-israelienne-imbecile_6193197_3232.html .


 

Elie Barnavi a été l’ambassadeur d’Israël en France de 2000 à 2002. Historien et essayiste, il dirige le comité scientifique du Musée de l’Europe à Bruxelles. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels « Israël - Palestine, une guerre de religion ? » (Bayard, 2006), « Israël. Un portrait his- torique » (Flammarion, 2015), « Dix thè- ses sur la guerre » (Flammarion, 2015)


 

L'une et l'autre sont liées, vérifiant la loi de la vacuïté développée par le « mahayana » https://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme_mah%C4%81y%C4%81na que rien n'existe, n'advient par soi-même. Ainsi donc comme l'écrit Benjamin Barthe dans l'édito du monde du 15 octobre « l'histoire de Gaza ou la fabrique d'une poudrière » : « l’enclave s'est transformée en volcan. À l'aube du 7 octobre elle est entrée en éruption » . https://www.lemonde.fr/international/article/2023/10/15/gaza-la-fabrique-d-une-poudriere_6194561_3210.html

Trop de colère et de rancœur accumulées, alimentées par une misère endémique ont fait le lit du Hamas.

Bien sûr face à la situation les diplomaties du monde s'activent, cherchent les voies possibles pour une libération des otages car ils sont au cœur du temps présent, qui focalise l'élan émotionnel, mais aussi cherchent dans le même temps à élargir leurs cercles d'influence dans le jeu des puissances du monde pour bien d'autres intérêts... Il est alors possible d'espérer avec Élie Barnavi que se vérifie l'énigme de Samson que ce dernier proposait aux Philistins: « du fort est sorti le doux » (Bible - Juges 14-14). Je vous invite à lire ce passage de la Bible, cité bien à propos, et un commentaire pour l’éclairer… :

En attendant que se résolve ou non l'énigme de Samson, je souhaite tourner mon esprit en direction de la réaction de Johan Sfar, auteur de la BD « le Chat du Rabbin », dont le témoignage et les interrogations suite à cette attaque du Hamas qui l'ont bouleversé, m’ont aussi beaucoup touchées. Il se définit comme un Israélien de gauche de culture arabe, favorable à la cause palestinienne, rappelant que la connaissance de l'histoire est une voie nécessaire à la paix. Il dénonce le terrorisme du Hamas et ceux qui refusent de le considérer comme une organisation terrorist. Cependant il continue aussi à plaider pour un État palestinien, rappelant surtout : « quand un humain subit quelque chose, on doit ouvrir les yeux, on doit être solidaire » .

[…]

« Peut-être que c'est un conflit inextricable, peut-être que c'est difficile, mais je préfère avoir une réalité difficile plutôt que d'aller hurler aux gentils et aux méchants comme font les gens sur les réseaux sociaux ».

[…]

« il faut beaucoup de courage pour avoir de la nuance, pour avoir de l'humanité, pour ne pas sombrer dans les anathèmes ».

La voie me semble ici celle de la compassion, bien sûr pour toutes ces victimes (otages, morts, bléssés…) de quelque camp qu'elles soient, mais aussi pour ceux qui prennent les armes entraînés qu'ils sont dans ce tourbillon de la violence-vengeance, et encore aussi pour ceux qui « commandent » à tout cela, pris dans leurs aveuglements de puissance, fondés sur l’illusion de la séparation. Or, rien n'est séparé sinon par l'esprit de Maya (https://fr.wikipedia.org/wiki/Maya_(sanskrit) ), ici au sens bouddhiste. Gaza n'est pas simplement un territoire qui peut être séparé, autonome, Gaza est Israël, Gaza est Palestine. Gaza est un karma collectif, dans l’ intrication historique des territoires. Nul frontière ici ne peut sans doute s'établir garantissant la paix. La paix est au cœur d'Israël et de la Palestine dans « l’inter-être » (voir cette méditation « Inter-Etre au monde » inspiré par Thich Nhat Hanh https://enviedebienetre.wixsite.com/enviedebienetre/post/m%C3%A9ditation-inter-etre-au-monde ) qui les définit.

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