la question est légitime, et sans doute y a-t-il suffisamment de bonnes raisons de méditer que chacun peut trouver la sienne, et peut-être même les raisons des uns et des autres peuvent-elles ne pas vraiment s'accorder. Alors pourquoi poser la question, chacun en méditant trouvera la sienne... Mais c'est une question auquel celui qui médite est souvent confronté : "tu médites mais cela te sert à quoi ?". Il y a là tout à la fois, au mieux une curiosité, au pire un scepticisme sur l'efficacité, et sans doute une incompréhension quant à cette pratique.
Comment faire face aux attentes que peut susciter la méditation ?
Traditionnellement la méditation s'inscrit dans une pratique spirituelle, c'est le cas dans l'origine bouddhiste de la méditation ; mais depuis déjà plusieurs années la méditation est entrée dans le domaine de l'accompagnement thérapeutique en particulier pour faire face à la dépression (c'est tout le mouvement de la méditation dite de pleine conscience - MBSR , développé aux Etats Unis par Jon Kabat-Zinn (http://www.psychologies.com/Bien-etre/Medecines-douces/Se-soigner-autrement/Articles-et-Dossiers/Mediter-guerit-le-corps/La-meditation-renforce-l-immunite-selon-Jon-Kabat-Zinn) et introduit en France à l'Hôpital St Anne à Paris par le psychiatre Christophe André (https://christopheandre.com/meditation_CerveauPsycho_2010.pdf) . Dans cette lignée là la méditation est devenue une pratique du développement personnel.
On le voit, les attentes vis à vis de la méditation sont importantes, voir exorbitantes : s'éveiller spirituellement, guérir, devenir soi-même...
Or nous sommes là confrontés alors à un paradoxe : tous les méditants expérimentés le répètent : pour méditer il faut pouvoir être sans attente... Mais alors à quoi bon méditer, si je dois n'en rien attendre ?
Formulons le d'une autre manière pour mieux comprendre ce paradoxe : "Il faut mettre de côté ses attentes pour recueillir les fruits de la méditation qui auraient pu nourrir ces attentes"... Bon ce n'est peut-être pas encore assez clair ... Alors je vais emprunter encore une fois à Fabrice Midal sa formule choc "Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre" . Pour être tout à fait clair, je vous invite à consulter cette page où il fait lui-même la présentation de son livre : https://www.fabricemidal.com/meditation-actu/foutez-vous-la-paix-et-commencez-a-vivre/ et la petite vidéo où on le découvre iconoclaste et plein d'humour.
il y a aussi cette vidéo sur YouTube qui est une de ses conférences autour de son livre :
On comprend qu'il est vain de vouloir par exemple attendre de la méditation une libération du stress (c'est souvent une bonne raison invoquée pour démarrer la méditation), si je n'arrête pas de penser en boucle et de vouloir : "Pourvu que je réussisse à me relaxer en méditant...". Voilà un mantra un peu stressant !
Bien sûr vous commencez à comprendre que la difficulté de la méditation tient justement dans le développement de cette capacité de mise à distance de nos attentes vis à vis d'elle et de nous-même. Mais la vertu de la méditation est justement d'entraîner notre esprit à cette mise à distance... Donc on peut espérer par la pratique cueillir les fruits de notre patience, et résoudre ce paradoxe qui s'éclaire aussi de cette maxime du jardinier "On ne fait pas pousser les salades en tirant dessus" .
Il y a là quelque chose qui a aussi à voir avec le Wu-Wei, la doctrine du "non-agir" dans le TAO.
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