Une méditation pour la soirée des Reliances Sophro-méditatives sur l'acceptation et l'ACT.
Nous sommes assis sur notre chaise, notre banc, notre coussin. […] nous pouvons prendre le temps de nous asseoir ainsi, posé […] De nous installer aussi confortablement que c'est possible pour soi.
[…] Le dos est droit, souple, sans être raide. Nous prenons soin de cultiver notre verticalité, notre stabilité. […] Les mains sont posées aussi confortablement sur les cuisses, dans le giron. […] Nous nous posons. […] Nous avons le temps. […] Il n'y a rien à faire. Être là juste là.
Des pensées sont là. Des pensées sont toujours là. C'est normal. L'esprit fonctionne ainsi. Ainsi aussi s'exprime la vie en nous. Le corps respire sans qu'il y ait à y penser. Ça respire. L'esprit pense sans que toujours nous en ayons conscience. Ça pense.Là, je ne suis pas obligé de suivre mes pensées, de les laisser m'embarquer. Juste noter « des penséessont là ». Souvent il y a des jugements, des sentiments dans ces pensées qui nous tenaillent, qui nous cisaillent.Nous voudrions pouvoir les chasser, méditer en paix, sans pensées, mais elles sont là tenaces... Entêtantes, Encombrantes, débordantes.Comment faire pour qu'elles ne soient plus là ?Il n'y a rien à faire. Elles sont là.Puis-je accepter cela? Qu'elles soient là ?Acceptez, accueillir ce qui est. Est-ce la voie ? La bonne voie ?Et revoilà, les pensées, les jugements, les inquiétudes : Du bien faire, du bien-être, du bien méditer...Je suis assis, posé et des pensées sont là. Fuir, se lever, faire autre chose ? ou restez là assis et dire oui à la vie en moi. Ça respire, ça pense. Accepter les pensées ainsi, alors elles s’apaisent – ou non - , se dissipent peut-être… Alors orienter juste son attention sur la respiration, sans crispation.
l'air qui rentre à l'inspire [...]
l'air qui sort à l'expire. [...]
Ainsi je dis oui à la vie en moi. Oui à ce moment de méditation tel qu’il est serein ou non. Oui à la situation présente, légère ou lourde.
Ainsi méditer nous met en situation d'acceptation.
Là, aujourd'hui, maintenant, peut-être est-ce bien pour moi... Mais parfois non ! le sentiment du mal mis, du mal positionné, du mal-être, du mal faire est là aussi peut-être. Puis-je dire "oui" alors de la même manière ? à ce qui me dérange, me déplaît, me blesse …? Puis-je décider de dire oui, quand j'ai envie de dire non ?Y a-t-il de l'acceptables et de l'inacceptable ? Où se situe la limite ? Qui situe la limite ?Peut-être dehors pleut-il ! J'avais prévu de sortir, de jardiner, de me promener, de prendre l'air, de me sentir bien à marcher, à flâner, à courir. Et là il pleut ! Peut-être suis-je contrarié. Des pensées surgissent, des jugements. « C'est toujours pareil ! Dès que je prévois quelque chose cela ne se passe pas comme je le voudrais. Quelque chose arrive toujours qui m'empêche de faire ce que je veux... »
Un sentiment d'injustice peut émerger, me submerger, me mettre en colère contre le temps qu'il fait, contre la situation. Je dis non, et ce non m’étreint, me limite, me lamine dans mes envies. Puis-je dire oui ? Oui, aujourd'hui il pleut, et décider de te faire autre chose. Lire un livre au coin du feu, bricoler, dessiner, appeler un une amie. Demain, un autre jour, je sortirai. Ou peut-être puis-je décider de sortir et me délecter de la pluie… Chanter sous la pluie ! Toutes sortes de choses ainsi dans la vie peuvent paraître se mettre en travers de moi. Puis-je toujours dire "c'est la vie !" ? Comme une affirmation…Mais dire "oui" toujours, n'est-ce pas juste se résigner, démissionner, arrêter de se battre quand on dit au contraire que dans la vie il faut se battre. .. ? Accepter, est-ce renoncer, se soumettre à ce qui est, à ce qui paraît inacceptable… ou bien est-ce une autre voie de dégagement, d'engagement, de libération ? Des choses parfois, souvent, semblent inacceptables, trop injustes, trop douloureuses : la maladie, la mort à venir, la perte d'un être cher, un parent, un enfant... Comment accepter cela ? Cela qui est, ou qui pourtant vient inexorablement. N'est-ce pas révoltant, digne de colère et de profonde tristesse ?Peut-être puis-je accepter aussi cette colère et cette tristesse qui sont là. Ainsi puis-je aussi ne pas les attiser mais les apprivoiser, me préparer, faire mon deuil, accueillir, intégrer ce qui est , et qui ne dépend pas de moi, dans ma vie. Respirer avec la douleur, dans la douleur, avec cette perte, dans ce manque. Ainsi puis-je non pas me résigner, mais absorber, dissiper la douleur, le manque, la colère, et m'ouvrir la situation, nouvelle ou non, la transformer. Devenir acteur de ma vie et ne pas subir. Ainsi la voie de l'acceptation n'est-elle pas celle de la désolation, de la perdition de soi mais plutôt celle de la libération, de l'action, de la réalisation de soi.
Me connectant à moi-même, observant sans m'y perdre les pensées qui sont là, les sentiments qui y sont liés sans m'y perdre, alors s'ouvre la voie de la lucidité, source de liberté, qui me permet d'accepter ce qui est là, avant d'avancer, d'aller plus loin.
Je suis assis, posé, respirant, vivant avec tous ces éléments perturbant qui peut-être m'obscurcissent. Alors respiration après respiration je peux m'entraîner à accepter ce qui ne dépend pas de moi, à transformer avec lucidité la manière dont les événements m'affectent, m’exercer à dégager une voie d'avancée, à percer un chemin de conscience, de résilience, de progression.
Je peux me souvenir, me nourrir des paroles de sagesse antiques des stoïciens, telles ses « pensées pour moi-même » de Marc Aurèle :
« Nulle part l'homme ne trouve de plus calme et de plus tranquille retraite que dans son âme. […] Avant tout, ne te tourmente pas, ne te raidis pas ; soit libre et regarde les choses, en homme, en citoyen, en mortel. Au nombre des plus proches maximes sur lesquelles tu te pencheras, compte [ celle-ci ] : les choses n'atteignent pas l'âme mais restent confinées au dehors, et que les troubles ne naissent que de la seule opinion qu'elle s'en fait [...] Ne conçois les choses telles que les juge celui qui t'offense ou comme il veut que tu les juges ; mais vois les telles qu'elles sont en réalité [... ] Ne te laisse pas prendre au tourbillon, mais dans tout élan propose-toi le juste ; et dans toute représentation sauvegarde ta faculté de comprendre […] Essaies de voir comment te réussit la vie de l'homme de bien qui a pour agréable la part qui lui est assignée sur l'ensemble et qui se contente d'être juste dans sa propre conduite et bienveillant dans sa façon d'être »
Oui rappelle-toi, répète-toi , comme un exercice, comme une méditation, ce que disait Marc Aurèle.
Ainsi peut-on aller de pensée juste en action juste. Ce va et vient des pensées justes, ajustées à notre être au monde et à y agir avec bienveillance est comme celui de la respiration , comme un ancrage de la vie en nous.
L'air qui rentre à l'inspire [...]
L'air qui sort à l'expire [...]
Le mouvement de la respiration telle qu'elle est, instant après instant, source de vie et de tranquillité. L'âme ainsi apaise dans la respiration, dans son accord avec la vie, dans l'acceptation de ce qui est là.
Avant de terminer cette méditation peut-être pouvons-nous nous être reconnaissant à nous même, nous féliciter de ce chemin emprunté sur la voie de l'acceptation, de la pleine attention à ce qui est là ou non, et de nous souvenir que la lucidité nous porte à chaque instant à faire le choix de la vie telle qu'elle est.
Ecouter la méditation - dans le cadre de la soirée Reliance - "La force souple de l'acceptation"
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