Cette méditation est une adaptation libre de la méditation canonique de Jon Kabat-Zinn "Méditation de la montagne". Il s'agit d'une version écrite (raccourcie aussi) pour les enfants, pour introduire à une discussion philosophique sur la question "La terre se réchauffe ! Peut-on y croire ?". Question au plus haut point bizarre , car comme me l'a dit un enfant "La réponse est dans la question..." Pensez donc ! Cette méditation est aussi un hommage à Aldo Léopold , un forestier américain de la première moitié du XXème siècle, qui a largement oeuvré pour la mise en place d'un droit de l'environnement, et a écrit ce texte clé "Penser comme une montagne"...
Nous nous asseyons en tailleur par terre et nous allons prendre la position de la montagne.
En fermant les yeux, c'est plus facile car on peut le voir de l'intérieur de notre corps, en tournant notre esprit vers les sensations du corps. Notre tête est tendue doucement vers le ciel sans forcer, c'est comme le sommet de la montagne. Le dos est droit mais pas raide et ça nous donne toute la hauteur de la montagne . Les épaules sont relâchées et les bras tombent le long du corps, les mains sont posées sur les genoux, c'est comme les versants de la montagne. Les jambes sont repliées en tailleur, et nous sommes posés à plat sur le sol comme un triangle, c'est comme la base de la montagne.
Ainsi posé, on peut ressentir une grande stabilité et aussi une grande présence comme celle de la montagne. La montagne est là haute, majestueuse, pleine de beauté et de puissance, mais aussi elle exprime la tranquillité et le calme de la nature. On peut ressentir cette paix à l'intérieur de nous-mêmes, en prêtant attention à la respiration qui peut être lente et profonde. La montagne est là imperturbable.
D'abord c'est la saison de l'hiver, il y a de la neige partout qui recouvre la montagne d’un manteau blanc. Les arbres ont perdu leurs feuilles, sauf les sapins couverts de lourds flocons de neige tout blancs. Beaucoup d'animaux hibernent et dorment. Et puis c'est le printemps, le soleil a fait fondre la neige. La vie reprend tout doucement, les bourgeons laissent apparaître les premières petites feuilles dans les arbres. La nature se réveille. Puis c'est l'été, les fleurs s’ouvrent dans les champs et couvrent les prairies sur les versants de la montagne. Les abeilles vont pouvoir bûtiner et fabriquer leur miel. L’été est là, comme chaque année. Mais il fait chaud, de plus en plus chaud, et d'année en année c'est toujours plus chaud. Les hommes parlent de canicule. Mais chaque année maintenant elle revient plus forte et plus difficile à supporter. Cette année même les petits torrents de la montagne ne coulent presque plus et certains animaux ont soif, cherchent de l’eau pour survivre. De plus en plus d’incendies se déclarent dans les forêts sur les versants de la montagne, les arbres de la forêt dans la montagne brûlent faisant fuir les animaux de leurs territoires dévastés. Enfin l'été se termine c'est bientôt l'automne le temps se rafraîchit un peu ; et déjà très tôt les feuilles ayant manqué d’eau tombent, jaunies, ratatinées sur le sol. Et puis la pluie et le tonnerre annoncent déjà le retour bientôt de l'hiver…
Ainsi la montagne est là toujours là imperturbable au travers des saisons et des années depuis des siècles et des siècles. Et pourtant la montagne s'aperçoit que les choses changent. Les glaciers fondent et reculent de plus en plus, et l'hiver est de moins en moins froid et l'été de plus en plus chaud. De plus en plus d’arbres meurent calcinés dans les incendies, d'autres disparaissent car la terre manque d’eau. Des animaux disparaissent aussi et ne trouvent plus à manger, même les fleurs sont plus rares et les abeilles ont du mal à faire leur miel.
La montagne sait. Le monde s’est transformé de tous temps, mais depuis que l’homme brûle le pétrole, l’or noir, le sang de la terre, les choses se sont accélérées, ont empiré. La terre se réchauffe.
Et la montagne pense. Les hommes ne se rendent-ils pas compte ? Que font-ils ?
Mais la montagne est là imperturbable, elle sera toujours là…quoiqu’il arrive...
Et tranquillement lorsque le bon chantera nous pouvons nous pourrons ouvrir les yeux et recommencer à bouger un peu, penser et commencer notre atelier de philosophie…
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