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Mais que faire de nos émotions ?

Dernière mise à jour : 6 mai 2021

Ah les émotions ! C'est tout un monde, c'est notre monde (mais aussi celui des autres êtres vivants...). Nous pouvons ressentir des émotions agréables, mais nous nous focalisons plus facilement sur nos ressentis désagréables. Et là nous aimerions bien les chasser... On nous dit parfois qu'il faut savoir "gérer ses émotions". Que veut-on dire par là ? Combattre, réprimer, maîtriser, apprivoiser ? Et s'il s'agissait de les nourrir ?

Sans entrer ici dans une analyse des mécanismes biologiques qui alimentent nos émotions (on verra cela peut-être une autre fois...), nous comprenons que celles-ci nous apparaissent tout à la fois habiter notre corps et notre esprit.

Alors peut-on supprimer les émotions qui nous envahissent et nous submergent ? Le mot supprimer semble un peu fort, car les émotions ont leurs racines au plus profond de notre être, dans l'âme qui enregistre toutes nos expériences au-delà même du souvenir. Les émotions sont comme une résonance, une vibration de nos expériences de vie, qui se renouvellent et se répètent afin que nous puissions avancer sur notre chemin d'évolution.

Mais alors peut-on les contrôler, les maîtriser ? et comment ?

La réponse est oui d'une certaine manière. Déjà il suffit de prendre conscience que nous avoir toujours la possibilité de nous remémorer certaines expériences vécues et entrer alors assez directement en relation avec les émotions de ce moment là. Ainsi nous nous rendons compte que nous avons la possibilité de commander jusqu'à un certain point le déclenchement de nos émotions, mais bien souvent ce déclenchement opère sans que nous le voulions. Mais quand les émotions sont là, nous nous en rendons compte aussi (pas toujours car nous nous laissons facilement embarquer par la colère, par la peur, par la frustration, la tristesse mais aussi par la joie, par la fébrilité...) et alors elles peuvent nous envahir et nous conduire dans des états que l'on peut regretter (ou qu'on peut espérer). Souvent nous nous rendons compte après coup.


Les émotions jugées par nous désagréables sont alors comme des démons qui nous menacent, nous font souffrir, nous tortures et nous voudrions alors leur échapper, les fuir, les mettre loin de nous.


Voici un livre (malheureusement indisponible en France) de Tsultrim Allione (une ancienne nonne bouddhiste) qui indique une voie tout à fait passionnante et contre intuitive pour "apprivoiser" ses démons : "Nourrir ses démons. Utilisez la sagesse ancienne pour résoudre vos conflits intérieurs". Au lieu de combattre nos démons, elle propose une méthode pour au contraire les nourrir. Cette méthode est le fruit d'un enseignement de la lignée bouddhiste Machik Labdrön, une grande yoginî tibétaine du XIème siècle : la pratique du Chöd qui consiste à se donner en nourriture pour satisfaire les besoins de nos démons et nous en faire ainsi des alliés puissants qui nous transmettent alors leur énergie considérable.


Machik Labdrön (ti. : མ་གཅིག་ལབ་སྒྲོན་, W. : Ma-gcig Lab-sgron) (1031-1129 ou 1055-11431,2), contemporaine de Milarépa, est généralement considérée comme la fondatrice de la pratique du Chöd au Tibet.

Sans entrer dans le détail, la pratique mise au goût du jour de la psychologie occidentale (inspirée des techniques de la PNL) est un rituel en 5 étapes précédées d'un temps de respiration profonde visant aussi à nous relaxer et intensifier notre motivation :

- Etape 1 - identifier l'un de nos démons que nous voulons "apprivoiser-nourrir" par une visualisation concrète de ce démon comme s'il était en face de vous.

- Etape 2 - incarner le démon et demander lui ce dont il a besoins au travers de 3 questions distinctes : "que veux-tu de moi ? de quoi as-tu besoin chez moi ? comment te sentiras-tu si tu obtiens ce dont tu as besoin ?"

- Etape 3 - devenez le démon, en imaginant que vous prenez physiquement sa place et en vous regardant par les yeux du démon ; et répondez à voix haute aux 3 questions que vous lui avez posées

- Etape 4 - reprenez votre place et nourrissez le démon jusqu'à ce qu'il soit totalement satisfait en imaginant que votre corps tout entier se dissous en un nectar de la substance dont le démon vous a dit qu'il avait besoin. Observez alors la transformation du démon, qui devient moins menaçant et qui peut changer de forme en une autre figure qui peut être votre alliée qui peut alors s'engager à vous aider et vous protéger pour apprivoiser votre émotion.

- Etape 5 - c'est la dernière étape , un temps de repos où votre allié apparu se dissout en vous pour vous fournir sa force et son énergie. C'est un temps de méditation profonde qui vous permet de vous connecter aux expériences vécues et à venir sans pensée, sans exercer le mental.


Bien sûr le livre détaille tout cela et fournit de nombreux cas concrets et d'exemples qui sont autant de situations qui peuvent entrer en résonance avec nos propres vécus.

Suivant les enseignements de la lignée de Machik Tondrön, Tsultrim Allione distingue 4 grandes catégories de démons du moins subtil au plus subtil :

- les démons extérieurs (par exemple la peur, la colère, l'amour mais aussi les démons de la maladie)

- les démons intérieurs (la colère, la honte, l'anxiété...)

- les démons de la vanité

- les démons de l'égocentrisme


Il apparaît conformément à la doctrine bouddhiste que les démons de l'égocentrisme sont les démons racines à l'origine de tous nos autres démons. Ainsi apprendre à nourrir ses démons c'est remonter la chaine de la causalité qui nous conduit sur la voie du dépassement de l'égo - ce dernier étant le fruit de la vision dualiste qui nous fait opposer le soi au monde des êtres extérieurs (les objets et les personnes).


La conclusion du livre montre qu'avec l'entraînement de la pratique de "nourrir ses démons", il devient possible de s'exercer à la "libération directe" par laquelle la simple identification de l'arrivée du démon permet de le faire disparaitre immédiatement , par la simple conscience qu'il n'est qu'une production illusoire de notre esprit.


Mais comme l'écrit Tsultrim Allione à la fin du chapitre sur la "libération directe" cela requiert une conscience évoluée et un entraînement à la méditation profonde".



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