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Photo du rédacteurThierry Raffin

L'âme animale

Dernière mise à jour : 31 oct. 2020

Voici une petite histoire méditative de connexion à l'âme animale, pour les enfants (mais les adultes c'est bon aussi...) ; qui vise à introduire une discussion philosophique sur cette question "Manger de la viande c'est bien ou c'est mal ?"

Bien sûr ma méditation prend parti , et vise à faire ressentir les choses dans le coeur des enfants, mais rien n'est joué, la discussion permet de mettre en balance, le plaisir de manger de la viande, les habitudes culturelles alimentaires liées à l'éducation ; mais aussi la conscience des conséquences de tout cela du point de vue de la souffrance animale, et aussi sur le réchauffement climatique...

Alors je vous invite à lire et écouter (en fin de texte) cette petite histoire méditative...




Voilà nous sommes assis sur notre chaise, sans nous appuyer sur le dossier, le dos est droit sans être raide et les pieds sont bien posés à plat sur le sol - les mains sont posées sur les genoux bien à plat - les yeux peuvent être fermés comme pour regarder au fond de nous-mêmes et dans notre cœur.


Puis nous tournons notre attention vers notre respiration telle qu'elle est sans rien changer - nous la suivons : l’air qui rentre à l'inspiration l'air qui sort à l’expiration - instant après instant

Dans cet état de tranquillité nous laissons venir à notre esprit l'image d’un animal que nous aimons bien - cela peut être notre chat, notre chien ou un oiseau ou un cochon d'inde ou l'animal d'un ami ou d'une amie ou encore un animal vu dans un film un dessin animé que nous aimons bien - l'animal de notre choix. Son image est là bien dans notre esprit comme une présence vivante, douce et chaleureuse. Nous pouvons alors ressentir ce qu'il peut ressentir lui - là où il est… où est-il d’ailleurs ?


Où suis-je ?

Je suis en voyage, parti, échappé, libre au milieu de la campagne. D'où je suis, j'aperçois au loin un grand bâtiment. Je sens qu'il y a de la vie là-dedans. De loin j'entends du bruit, des cris... Cela attire mon attention. Je suis un peu curieux que se passe-t-il là-bas ? J'ai bien envie de savoir, d'aller voir

… je m’approche doucement... Le bruit devient plus fort et il y a aussi une drôle d'odeur qui flotte dans l'air.. c'est une odeur forte, qui prend à la gorge , génante... Mais la curiosité est plus forte... je dois m'approccher encore un peu et voir ce qu'il y a dans ce bâtiment... J'y suis presque... mon coeur bât un peu fort... je l'écoute . Je fais le tour du bâtiment. Il est fermé de tous côtés... Il n’y a pas de fenêtres – juste des grilles d’aération en hauteur. C'est un peu comme une prison...

Si, là - Il y a une petite porte... J'entends des pas ... j'ai un peu peur ... la porte s'ouvre... Les cris deviennent plus perçants . Une bouffée de chaleur s'échappe par la porte. Un humain sort en vitesse, les bras chargés de deux gros paquets de plumes. Je n'ai pas eu le temps de voir distinctement ce que c’était.

Je ressens comme un appel en moi qui me dit d’entrer - et sans réfléchir je me glisse dans le passage de la porte ouverte. Heureusement l'humain pressé ne m'a pas vu.

Mon cœur bat de plus en plus fort. Il fait sombre aussi dans le bâtiment. Le bruit est devenu strident stressant même.


Je dois respirer calmement, profondément. J'écoute ma respiration. L'air qui entre à l'inspiration et l'air qui sort à l'expiration. Retrouver le calme en moi.


J'ai besoin de toute la clarté de mon esprit pour comprendre où je suis, pour comprendre la situation et ce que je fais ici. Mes yeux s'habituent à la pénombre et mes oreilles au bruit. Un calme étrange se fait alors dans mon esprit. Il me semble que j'entre en résonance avec ce lieu plein de vie , plein de peur aussi et de résignation. Soudain une voix résonne en moi et me parle comme de très loin ou de très profond de moi. Elle me dit qu’elle est l’âme animale qui nous relie nous tous, nous les vivants.

C'est comme une intuition en moi, un éclair de compréhension. Elle me dit « tu es dans un poulailler. Toi tu es un animal libre, ici c'est une prison vois-tu tous les poulets qui sont en prison depuis qu’ils étaient des poussins – et ils sont condamnés. Condamnés à quoi ? qu’ont-ils fait ? Rien , c’est leur vie... Bientôt un camion viendra et des hommes attraperont ces poulets par brassées pour les mettre serrés dans des petites cages. Et le camion repartira, chargé de toutes ces cages vers un abattoir et là tous ces poulets seront ébouillantés, plumés et mis en barquette. Et bien rangés dans les supermarchés ils finiront au four et dans les assiettes des humains…

Cette vision est comme un flash dans ma tête. Je ressens de la tristesse et de la colère aussi.

Que faire ?

Que puis-je faire ?


Alors d’un seul coup je sens une énergie monter du plus profond de moi-même , comme un grand souffle de libération et de révolte. Et alors je vois les murs du grand bâtiment s'abattre et le toit s'envoler. La lumière entre à plein et un grand vent entre aussi dans le bâtiment. Les poulets caquettent plus fort et plus joyeusement et alors comme une grande bourrasque une tornade de poulets s’envolent, dans un grand nuage blanc de lumière. Les poulets échappent aux humains et trouvent le chemin de la vie et de la liberté.


L’âme animale parle à nouveau en moi. « Merci dit-elle pour tous les vivants. »

Je me sens plus léger, soulagé aussi. Je respire plus librement. Et j'ouvre doucement les yeux, conscient de mon corps et de l'unité de la vie, de la communauté des hommes et des animaux.





"Je dois combattre la douleur d'autrui parce qu'elle est douleur comme la mienne. Je dois oeuvrer au bien des autres parce qu'ils sont comme moi, des êtres vivants"
Shantideva - sage indien du VIII ème siècle
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