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"Il n'y a rien à faire..."

Dernière mise à jour : 24 sept. 2018

Voilà la première séance d'enseignement de la méditation démarre et le "prof" dit simplement "Voilà on peut s'asseoir et juste observer la respiration et ce qui est là qui passe... il n'y a rien à faire..." Un consigne juste un peu plus développée comme le fameux "foutez-vous la paix !" de Fabrice Midal. Regards croisés entre tous... Il ajoute alors comme un commentaire davantage à expérimenter qu'à comprendre "la méditation c'est simple et ce n'est pas simple". Aller comprendre : en principe une chose et ou n'est pas... là elle est et n'est pas... Une logique en forme de kôan zen.

Oui la méditation c'est simple, il vous suffit de vous asseoir et d'observer instant après instant les mouvements de la respiration et ce qui se passe ; il n'y a rien à faire d'autre juste à observer ce qui est ; rien à faire pour respirer, ça respire tout seul, c'est automatique (heureusement) ; rien à faire pour observer que l'esprit s'échappe, il le fait aussi tout seul, c'est son fonctionnement ordinaire. Non il n'y a rien à faire, c'est simple. Mais oui aussi, tout de suite on expérimente que ce n'est pas simple être là juste là, à ne rien faire. Ce n'est pas notre mode habituel. Nous sommes toujours en train de faire quelque chose ou à vouloir faire quelque chose, à vouloir une chose, à rejeter autre chose, à nous projeter dans l'à-venir , à nous rappeler les événements passés, pour regretter, pour vouloir changer les choses passées, vouloir les revivre, à espérer que demain sera bien, à redouter que cela soit mal.

Ainsi notre esprit éprouve-t-il d'immenses difficultés à être là juste là. Sans cesse il s'échappe dans les territoires du faire, de ce qui a été fait, bien ou mal (parfois alors à ressasser, à ruminer des pensées tristes, sombres) ou bien de ce qui reste à faire ou qu'il faudrait faire ; espérant ou redoutant les résultats de ce qui sera fait.

Oui nous sommes le plus souvent sur le mode faire. Heureusement ce mode faire nous permet de construire avec d'autres notre existence apportant son lot de joies et de tristesses, nous ouvrant ainsi sur l'univers des émotions, de la peur, de la colère aussi du dégoût et de la honte, et de toutes les autres émotions plus contrastées, nuancées et subtiles qui colorent nos vies.

Mais en éprouvant le mode faire quasiment en permanence, c'est le moment présent qui s'échappe.

Et oui la méditation ce n'est pas simple car il s'agit là de ne rien faire d'autre que de "tenir" le moment présent. "Tenir" apparaît alors un terme inapproprié car déjà il nous connecte à faire quelque chose. En réalité il n'y a rien à tenir, rien à saisir, rien à attendre, rien à chercher dans la méditation de pleine conscience. Et c'est cet abandon à-être-là-juste-là, instant après instant qui est si difficile sans entraînement. Alors ce sont ces difficultés qui s'expriment alternativement par l'ennui (il n'y a rien à faire...) ou l'agitation (j'ai autre chose à faire...) qui menace en permanence cet entraînement à-être-là-juste-là.

Substituer le mode être au mode faire apparaît comme un véritable défi ; aussi ne nous faut-il pas prendre cela comme un défi : il n'y a pas de lutte à ouvrir, à alimenter-entretenir. "Comment faire ?" peut-on se demander alors ... Rien à faire, juste être patient et bienveillant envers soi-même. S'autoriser à-être-là-juste-là instant après instant, juste observer notre esprit qui s'échappe à vouloir faire ou refaire ou défaire ; et juste ramener la conscience à la respiration qui se fait toute seul sans vouloir ni la contrôler ni la modifier ; juste observer ce va-et-vient de la respiration et de l'esprit ; accepter, permettre que les choses soient telles qu'elles sont en abandonnant toute volonté de les modifier.

"Alors les pensées et les sentiments sont perçus comme de simples événements de l'esprit qui surviennent devienne l'objet de la conscience pour aussi ensuite disparaître" (extrait du chapitre 4 "les modes 'faire' et 'être' du livre La thérapie cognitive basée sur la pleine conscience pour la dépression ouvrant un espace de liberté d'être sans jugement. C'est cette compétence là, savoir passer du mode "faire" au mode "être" qui est ainsi développé aussi bans le programme thérapeutique de la Méditation de pleine conscience basée sur les thérapies cognitives qui permettent de prévenir les rechutes dépressives.


Aussi comprenons-nous qu'il n'y a rien à réussir dans la méditation parce qu'il n'y a rien à faire, juste à-être-là-juste-là.


"Alors que faire lorsqu'il n'y a plus rien à faire ?" :



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